28 mars 2012
Les dépenses de logement pèsent pour 39 % dans le budget des 10 % des ménages aux revenus les plus faibles contre 15 % pour les 10 % les plus riches. La part de ces dépenses est d’autant plus lourde que les ressources des ménages sont modestes.
Evolution du poids des dépenses de logement pour les ménages locataires
Le poids des dépenses de logement rapportées au revenu, le taux d’effort net moyen [1], est d’autant plus important que le revenu des ménages est bas, même une fois les allocations prises en compte. En 2006, le poids des dépenses de logement pesait pour 20 % dans le budget des 20 % des ménages les moins aisés qui résident dans le parc immobilier social. Ce taux d’effort atteignait 30 % dans le parc privé pour ces mêmes catégories.
En 18 ans, le taux d’effort a progressé de cinq points dans le secteur social, de onze points dans le secteur libre pour les ménages les plus modestes. L’évolution des prix de l’immobilier a eu un impact moins important pour les catégories les plus aisées : leur taux d’effort en matière de dépenses de logement a augmenté seulement de un point dans le secteur privé.
|
Le poids des dépenses de logement pour les ménages locataires dans le secteur privé
Faute de places dans le parc social, un grand nombre de ménages n’ont d’autres moyens que de chercher à se loger dans le privé. Pour les locataires du parc privé, le taux d’effort net moyen est de 39,1 % pour les 10 % des ménages aux revenus les plus faibles, contre 15,3 % pour les 10 % les plus riches, soit 2,6 fois plus, selon les données 2006. Entre 2002 et 2006, le poids des dépenses de logement a progressé de 3,2 points pour les plus modestes, de 1,2 point pour les plus aisés. Pour l’ensemble des ménages, le taux est passé de 20,6 % en 2002 à 22,4 % en 2006, soit 1,8 point d’augmentation.
|
Evolution du poids des dépenses de logement pour les accédants à la propriété
Un certain nombre de ménages cherchent à devenir propriétaires de leur logement, ce qui leur permet de se construire un capital. Là aussi, l’effort à fournir s’est bien davantage accru pour les moins aisés. Entre 1988 et 2006, le poids des dépenses de logement dans le budget des accédants à la propriété (ceux qui ont acheté et qui remboursent un emprunt) a progressé de huit points pour les 20 % des ménages aux revenus les plus modestes et de trois points pour les 20 % des ménages les plus aisés.
|
Evolution du statut d’occupation des logements
Logiquement, ces évolutions se sont répercutées sur les statuts d’occupation des logements. Entre 1988 et 2006, la part des propriétaires non accédants (ceux qui ont entièrement payé leur logement) a progressé de 20 points pour les 20 % des ménages les plus riches, de 28 à 48 %, alors qu’elle a diminué de 3 points pour les 20 % les plus modestes. Cette évolution est majeure pour comprendre les inégalités de niveau de vie [2] : les propriétaires non accédants sont ceux qui n’ont plus de charges d’intérêts à payer, contrairement aux accédants. Ces charges, qui représentent entre 20 et 30 % des revenus, ne sont pas comptabilisées par l’Insee dans l’évaluation des niveaux de vie mais elles ont un impact considérable sur le reste à vivre des ménages.
De plus en plus de ménages modestes doivent se contenter de demeurer locataires : leur part est passée de 40 à 56 % entre 1988 et 2006. A l’inverse, chez les plus aisés, celle-ci s’est réduite de 30 à 20 %. Les conséquences en termes de niveaux de vie ne sont pas immédiatement visibles, elles se font jour pour beaucoup au moment de la retraite : alors que certains continuent à payer un loyer, d’autres ont beaucoup moins de charges liées à leur logement.
|
Pour en savoir plus :
Les inégalités face au coût du logement se sont creusées entre 1996 et 2006, France, portrait social - édition 2010, Insee.
L’évolution des inégalités entre ménages face aux dépenses de logement -1988-2006, Gabrielle Fack, Informations sociales n° 155, Caisse nationale d’allocations familiales. Photo / © mat75002 - Fotolia.com
[1] le taux d’effort net rapporte l’ensemble des charges de logement moins les aides reçues au revenu