Des messages identiques ont été envoyés dimanche sous les publications Facebook de plusieurs élus de la ville, menaçant les gardiens et le directeur général de l’office HLM d’Aubervilliers. Une journée «blanche» est prévue cette semaine en solidarité avec les équipes du bailleur.
Aubervilliers, le 20 janvier 2022. Les premières menaces sont apparues en janvier avec la découverte de balles et de tags menaçant les gardiens de jambisation, sur les bureaux d'accueil de l'office d'HLM. DR
« A tout les gardiens de l’OPHLM Aubervilliers, si vous continuer a travailler, vous serez confrontés à de grandes represailles directement chez vous (…) Vous devez imposer la démission de votre directeur (…) le cas échéant, nous preparons de plus grosses attaques contre vous, votre administration, et éventuellement vos proche. » Signé d’un certain « Samir Alouba », le commentaire menaçant a été reproduit à l’identique, avec les mêmes fautes d’orthographe et envoyé ce dimanche 20 février au soir, sous les publications Facebook de plusieurs élus d’Aubervilliers.
« J’ai dû recevoir ces messages en copié-collé vers 23 heures. J’en ai aussitôt informé la maire et j’ai appelé la police dans la foulée », confirme Yonel Cohen-Hadria, opposant municipal de la liste Aubervilliers en Commun. « C’est la première fois qu’on a une revendication dans cette affaire, poursuit l’élu. Tout cela me choque. Je ne comprends pas les méthodes. On peut ne pas cautionner la crise sociale à l’OPH (Office public de l’habitat), demander que le directeur s’en aille, sans vouloir du mal aux gens. »
« Ce sont des pratiques mafieuses »
Anthony Daguet, ancien premier adjoint PCF, désormais dans un groupe d’opposition, a également reçu les commentaires similaires. « Je les ai masqués et j’ai alerté la maire, indique-t-il. C’est inadmissible de créer un climat de tensions sur les agents de terrain. Ce sont des pratiques mafieuses et il faut tout faire pour retrouver ceux qui en sont à l’origine. »
La succession d’agressions et d’intimidations a commencé il y a un mois lorsque, le 20 janvier, sont découverts dans cinq loges de l’office HLM, des balles et des inscriptions menaçant les gardiens de jambisation, autrement dit de s’en prendre à leurs jambes pour les mutiler, dans la pure tradition des règlements de comptes.
Ces premières menaces interviennent à un moment où le contexte est particulièrement difficile pour le bailleur, avec un changement de gestion municipale, une restructuration assez brusque sur la forme, des départs et l’arrivée d’un nouveau directeur général, Jean-Baptiste Paturet. « On essaie de ne pas être déstabilisés et de continuer notre travail, a réagi ce dernier ce lundi après-midi. S’attaquer aux personnels, c’est aussi s’en prendre aux locataires qui ont besoin de nous. Au bout d’un moment, on ne peut pas continuer sans rien faire et on va appeler à une journée blanche. »
Rassemblement de soutien en préparation
Cette action symbolique, qui devrait se dérouler cette semaine, prendra la forme d’un rassemblement de soutien aux équipes. Les représentants du personnel approuvent, même si certains s’interrogent : « On valide tout ce qui est fédérateur et rassembleur, mais on ne voudrait pas être récupérés par des propos politiques qui pourraient être tenus lors de la journée blanche. »