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Fier.e.s de travailler pour le service public du logement

 

 

18 janvier 2021 1 18 /01 /janvier /2021 23:01
Mardi 19 Janvier 2021
Rats, insalubrité, coupures d’eau chaude et de chauffage : depuis deux mois, les locataires modestes de la Sauvegarde, à Lyon, ont l’impression d’avoir été abandonnés par Grand Lyon Habitat, le bailleur public de la métropole.
 

Lyon (Rhône), envoyée spéciale.

Les façades jaune orangé de la Sauvegarde, rongées par l’usure, ne laissent aucun doute : l’ensemble de résidences HLM des années 1960 a grand besoin d’être réhabilité. Située à la Duchère, ce quartier populaire du 9e arrondissement de Lyon, cette enfilade d’immeubles gérés par Grand Lyon Habitat fait d’ailleurs l’objet depuis le mois de novembre de travaux de rénovation intérieurs et extérieurs. Une initiative qui aurait pu enthousiasmer les habitants… Sauf que rien ne se passe comme prévu.

Dépiauté de son isolation thermique, le bâtiment du 460 au 463, rue de la Sauvegarde attend, façades à nu, depuis deux mois que de nouvelles plaques soient posées. « Il fait 16 ou 17 degrés chez les gens, parfois ça descend à 14 degrés », s’indigne Jean-Pierre Ottaviani, président de la Confédération syndicale des familles pour la Métropole de Lyon et le Rhône, et par ailleurs élu communiste à la mairie d’arrondissement. Facture d’électricité en main, un habitant peste contre les 152 euros dont il devra s’acquitter ce mois-ci pour avoir utilisé un chauffage d’appoint. « Certains dorment en parka », se désole Aïcha, l’une de ses voisines.

Elle, comme d’autres locataires, a subi un vol lorsque le bailleur a déménagé les affaires stockées dans leurs caves vers des appartements vides destinés à la démolition. « Mais comme cela n’a eu lieu ni dans notre logement, ni dans notre cave, l’assurance ne veut pas prendre en charge ! » s’insurge-t-elle. Avec ses voisins Hamza et Pétronille, elle nous montre l’état de déshérence du chantier. Dans les caves dont quasiment aucune porte n’a été posée, les rats s’en donnent à cœur joie. « Ils montent dans les appartements. On a posé une planche avec un voisin pour boucher un trou, mais sinon le bailleur n’aurait rien fait », dénonce Hamza, 45 ans. Pétronille en a fait l’amère expérience. « Un jour, une voisine, qui a peur des rats, m’a appelée parce qu’il y en avait un devant chez elle. J’ai tapé des pieds pour qu’il parte, il est devenu rageux et m’a mordue », raconte cette habitante de 56 ans, dont trente passés à la Sauvegarde.

Des locataires qui appartiennent à la tranche la plus basse du logement social

Au rez-de-chaussée du 462, une dame âgée, veuve, explique comment, privée d’eau chaude depuis deux mois, elle en est réduite à chauffer de l’eau à la casserole pour se laver. Sans qu’aucune déduction ne soit prévue sur ses 530 euros de loyer. Une somme loin d’être anodine, alors que tous ces locataires appartiennent à la tranche la plus basse du logement social (Plai). « Et on continue à devoir payer les charges de chauffage, d’eau chaude, et d’entretien ! » souligne Aïcha. Entre les compteurs d’eau chaude et les armoires électriques ouverts aux quatre vents, les amas de mégots dans les allées côtoient ici un canapé démembré, là une télécommande désossée. « Tu téléphones à Grand Lyon Habitat, ils ne répondent pas. Tu y vas, ils ne peuvent rien te dire. Moi, ça fait deux mois que je n’ai plus d’eau chaude et que je dois mettre une bassine sous mon évier parce qu’il fuit », explique Taous, une habitante du 462. Des situations d’autant plus insupportables que les confinements et autres couvre-feux assignent de plus en plus ces personnes à domicile.

Contacté par courriel, le bailleur se dit « conscient des désagréments subis par les locataires en raison de ce chantier de grande ampleur, et (…) les déplore ». « Les locataires ont pu avoir le sentiment que le chantier n’avançait plus, alors que cette période a été mise à profit pour adapter l’organisation des travaux à venir. Les interventions dans les logements reprendront dès le 25 janvier 2021, les interventions dans certaines parties communes ont déjà repris », poursuit Grand Lyon Habitat.

« Nous, on préférait la Duchère d’avant, celle des grands ensembles. Il y avait beaucoup plus de commerces, de places pour se garer, on n’avait pas tous ces problèmes », estime Hamza, qui est « né et a grandi ici ». Pourtant, le renouvellement urbain de la Duchère s’affiche comme l’un des chantiers les plus prometteurs lancés par l’ancienne majorité de Gérard Collomb, il y a une quinzaine d’années. « Une rénovation urbaine exemplaire », titrait d’ailleurs le journal le Monde il y a un peu plus de quatre ans. Résultat, la part de logements sociaux dans le quartier est passée de 80 à 55 %. Mais, au milieu de cette politique de gentrification, les locataires modestes de la Sauvegarde sentent bien qu’ils ne sont pas la priorité.

Une gentrification à marche forcée

Destiné à désenclaver le Plateau de la Duchère, mais aussi à augmenter la « mixité sociale » du quartier, le projet de renouvellement urbain de cette partie du 9e arrondissement de Lyon repose sur un nombre important de démolitions et de réhabilitations de HLM. « Entre 2006 et 2025, ce sont quasiment 2 000 logements en Plai (plus basse tranche du logement social – NDLR) qui auront été démolis et remplacés par des copropriétés ou des locations privées ! » fustige Jean-Pierre Ottaviani, président de la Confédération syndicale des familles pour le Rhône et la Métropole de Lyon. « À la Sauvegarde, déjà plus de 150 de ces logements ont été détruits en 2020. »

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