Sébastien, licencié après avoir été testé positif au Covid-19

Sébastien, licencié après avoir été testé positif au Covid-19

Averti par l’un de ses cadres qu’il était positif au Covid-19, l’Office HLM de Mulhouse l’a licencié. Une audience doit se tenir au tribunal des Prud’Hommes, ce mardi.

Sébastien Klem a été licencié par l’Office HLM de Mulhouse pour s’être présenté à son travail après avoir effectué un test de dépistage qui s’est avéré positif. LP/Martin Antoine

Par Martin Antoine, correspondant à Strasbourg (Bas-Rhin)

Le 16 novembre 2020 à 19h11

« J'ai tellement honte d'avoir perdu mon emploi que je ne l'ai pas encore dit à ma fille de 4 ans ! » Trois mois après avoir été licencié pour faute grave par l'Office HLM M2A de Mulhouse, Sébastien Klem reste traumatisé : « Je subis un triple préjudice : financier, le sentiment de culpabilité et être traité de criminel sur la place publique par mon ancien employeur ».

Si l'ex-gestionnaire de sinistres a été démis de ses fonctions en août dernier, c'est bien parce qu'il aurait fait « courir un risque » à ses anciens collègues. En cause : un test de dépistage du Covid-19 effectué par Sébastien Klem sur le parking d'un supermarché, le 16 juillet. « Je revenais d'un rendez-vous chez des locataires. Sur la route du retour, j'ai vu ce service gratuit. Je me suis arrêté 5 minutes pour faire le test PCR par curiosité », raconte le quarantenaire. Après avoir regagné son travail, Sébastien est averti en fin de journée par le laboratoire qu'il est positif au Covid-19.

«Comportement irresponsable»

« J'ai aussitôt prévenu mon supérieur hiérarchique qui a lui-même averti la direction », se souvient l'ancien employé. Le lendemain, Eric Peter, le directeur général de M2A Habitat demande à tous les collègues qui travaillent au même étage que Sébastien Klem de « rester chez eux pendant 7 jours ». Un isolement que ce père de famille séparé respecte pendant 14 jours avant de partir en vacances d'été.

A son retour de congés, l'habitant de Richwiller (Haut-Rhin) est convoqué à un entretien préalable de licenciement. Lors de ce rendez-vous qui « durera neuf minutes montre en main », la directrice des ressources humaines de l'Office HLM notifie à Sébastien qu'il a eu un « comportement irresponsable » et qu'il a violé « son obligation de sécurité ».

En clair, il est reproché à l'Alsacien de 41 ans d'avoir effectué un test de dépistage sur ses heures de travail et d'avoir repris ensuite son poste. Si la direction et l'avocat de M2A Habitat n'ont pas répondu à nos sollicitations, le directeur général déclarait sur France 3 Alsace, le 2 octobre dernier : « On ne fait pas un dépistage, si on n'a pas de suspicion. On ne joue pas avec la vie des gens » !

Une légère toux les jours précédant le test

Sébastien Klem avoue avoir eu « une légère toux les jours précédant le test. Je n'ai pas eu d'autres symptômes. » Ce qu'atteste d'ailleurs un certificat médical. « La seule faute que je reconnais c'est d'avoir réalisé ce test pendant mes heures de travail. Mais souvenez-vous à l'époque, le gouvernement incitait tous les Français à se faire dépister », explique-t-il.

Faute de parvenir à un accord à l'amiable avec l'Office HLM de Mulhouse lors de l'audience de conciliation devant les Prud'hommes qui doit se tenir ce mardi, Sébastien Klem entend « aller bout de la procédure pour laver mon honneur ».

Pour son défenseur, Maître Stéphane Thomann, « la justice devra trancher entre le respect du secret médical et l'obligation de protéger ses collègues en cas de maladie contagieuse. Je suis toutefois très optimiste. » L'avocat plaidera la nullité du licenciement et réclamera 10 000 euros d'indemnités pour procédure de renvoi « sans cause réelle et sérieuse ».