Déjà, un rapport de la Mission interministérielle d’inspection du logement social (Miilos), publié fin 2013, laissait apparaître des dysfonctionnements du bailleur social, soulevant des « problèmes d’organisation, en particulier comptable et financière ». Manque de rigueur, manque de transparence ou manque de vigilance ? Peut-être les trois à la fois. Car, malgré les efforts initiés depuis plusieurs mois, se pose toujours la question de l’absence de réaction du conseil d’administration (CA) sur une situation qui perdure.
Alors que les difficultés économiques du bailleur étaient connues, l’achat d’un certain nombre de friches (jusqu’en 2010), dont les projets n’ont pas abouti, n’a pas alerté les membres du CA. « L’engagement des opérations est resté jusqu’à présent peu encadré », indiquait même la Miilos. Ces friches, qu’aujourd’hui le bailleur veut vendre pour partie, ont coûté (et coûtent toujours) pour la mise en sécurité et le gardiennage.
Les représentants du personnel avaient également souhaité présenter un droit d’alerte, repoussé à trois reprises par l’ancien directeur, selon Gilles Gillet, président d’Habitat saint-quentinois.
Orane Gobert, directrice de cabinet du maire, temporise. Suite au rapport de la Miilos, le maire s’en serait saisi. Notamment sur « les procédures comptables », les « impayés » et la « qualité du service aux locataires ». « Après, on [la Ville] n’a pas de questions à se poser sur les investissements. » Qui relèvent de la « souveraineté » du bailleur.
« Le conseil d’administration a été trompé un certain nombre de fois », répond Gilles Gillet, qui a pris la présidence en juillet 2014, poussé par Xavier Bertrand. Mais il siégeait depuis plusieurs années au CA. « On a[vait] les informations qui nous [étaient] présentées. » Souvent partielles, selon lui.
« À ceci près qu’il y a quand même deux instances », rappelle Olivier Tournay (PCF). Le conseiller d’opposition a siégé au CA durant le dernier mandat, mais pas au bureau de celui-ci. « C’est l’exécutif qui gère pleinement Habitat saint-quentinois. » Sauf que ce dernier, d’après Gilles Gillet, n’avait pas non plus la totalité des informations. D’où la décision nouvelle que « tous les sujets importants soient évoqués en conseil d’administration ».
Des fonds propres à retrouver
Parallèlement au changement de présidence, le bailleur social a également pris un nouveau directeur général (DG), entré en fonction en décembre 2014, Aurélien Socha succédant à David Jonnard.
Reste des problèmes de gestion évidents de l’office. Et notamment les questions de contrats de travail (et de salaires) des différents directeurs, non conformes à la loi, ou encore des achats hors appels d’offres. Surtout, le bailleur ne disposait pas d’une « comptabilité analytique » que de simples associations possèdent. Qui aurait permis de mieux identifier les secteurs et « voir celui qui fonctionne, celui qui est à l’équilibre, etc. », soulève Gilles Gillet.
Des « erreurs » de gestion que tous ne reconnaissent pas. Selon l’un des anciens directeurs, il y a eu des « pics d’amélioration ». « Il peut y avoir des exercices un peu difficiles, mais il y a un commissaire aux comptes qui rend son rapport aux DG successifs. » La Miilos et la Chambre des comptes, elles, viendraient apporter « une analyse plus fine ». Paradoxalement, le bailleur n’est pas dans le rouge. Mais l’investissement des dernières années, dans un patrimoine aujourd’hui dévalué, a limité ses fonds propres. Qui doivent pourtant permettre de mener de nouveaux projets.
Un état des lieux du patrimoine sera fait. Une « rallonge » budgétaire est également prévue pour assurer des travaux sur des appartements quittés. Et surtout, une « modernisation » du fonctionnement de l’office.