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16 décembre 2014 2 16 /12 /décembre /2014 00:04

Aides au logement et loyers : l’erreur de raisonnement

Le Monde.fr | 15.12.2014 à 16h38 • Mis à jour le 15.12.2014 à 16h43

Nous avons le plus grand respect pour les travaux de l’Insee, notamment en matière de logement. C’est une bonne raison pour faire preuve d’exigence vis-à-vis de ses publications, dont celle récente reprenant l’idée que les aides personnelles au logement tirent les loyers à la hausse (Le Monde daté samedi 15 novembre).

 Depuis les années 1980, les aides au logement ont perdu du pouvoir d’achat. Dans les logements HLM, tous les loyers rentraient dans le plafond de l’APL lors de sa création. Aujourd’hui, la moitié des logements dépassent ce plafond.

Lire aussi : Quand les aides au logement poussent les prix des loyers à la hausse

 

Il s’agit d’une vieille idée qui revient régulièrement et se heurte à un certain nombre d’incohérences. En résumé, que nous dit l’Insee ? A partir d’un petit échantillon de quatorze agglomérations situées dans une zone où l’aide au logement est plus élevée (zone II), comparées à un échantillon de cent-cinq agglomérations où l’aide est moins élevée (zone III), on constate que les loyers du petit échantillon d’agglomérations de la zone II sont plus chers.

partir de ce raisonnement très partiel, centré sur un seul facteur et sur un échantillon limité, on en déduit que les aides personnelles au logement sont inflationnistes, provoquant une augmentation des loyers. Cela ne résiste pas à l’analyse.

D’abord on sait que depuis les années 1980, les aides au logement ont perdu du pouvoir d’achat. Dans les logements HLM, tous les loyers rentraient dans le plafond de l’APL lors de sa création. Aujourd’hui, la moitié des logements dépassent ce plafond. Le surplus reste à la charge des locataires.

 

Et si l’effet était pris pour la cause

Dans le secteur locatif privé, le dépassement est quasi systématique. La raison en est simple, toutes les aides personnelles ont été sous actualisées de manière permanente par les gouvernements successifs, et ont donc perdu du pouvoir d’achat.

Comment des aides à la baisse en pouvoir d’achat peuvent-elles tirer les loyers à la hausse? A titre de confirmation, le « Panorama social de la France 2013 » publié par l’Insee indique que le taux d’effort des locataires après aide personnelle a augmenté. L’étude de l’Insee s’appuie sur des travaux antérieurs, notamment ceux de Mme Fack.

Cette étude est pertinente mais pour une période et un évènement précis, l’extension de l’allocation de logement aux étudiants dans les années 1980. Il est évident qu’une augmentation brutale du pouvoir d’achat des étudiants sans que l’offre ait le temps de s’adapter a conduit à une augmentation des loyers. Mais plus rien de tel ne s’est produit depuis cette date. Comparer une période et un évènement exceptionnels à une évolution de longue durée n’est pas scientifiquement acceptable.

Et si on retournait le raisonnement, et si l’effet était pris pour la cause et réciproquement ? Les zones de l’aide personnelle ont été établies justement en fonction du caractère tendu du marché local du logement et non pas seulement en fonction de la taille de l’agglomération.

Tension du marché

Dans ce cas, il est tout à fait normal que les loyers de la zone II soient plus élevés que ceux de la zone III puisque la zone a été définie sur ce critère. Et puisque l’aide est destinée à donner les moyens aux familles de payer leur loyer, elle est normalement plus élevée là où les loyers sont plus chers.

De même entre ces loyers et les loyers des grandes villes, en particulier en agglomération parisienne, il existe des différences extrêmes. Entre un loyer du XVIe arrondissement et un loyer en banlieue lointaine, qui plaidera que l’aide personnelle est la cause de la différence ? On aborde là un aspect essentiel de l’analyse des loyers. Le principal facteur des différences entre les loyers est constitué par la tension du marché, élément qui n’apparaît à aucun moment dans l’étude.

Les évolutions sociologiques et la croissance démographique qui créent une demande importante de logements, les différences d’attractivité des bassins d’emploi et de population sont des facteurs clés des différences de loyer. Elles mériteraient d’être mieux analysées, et de jouer un rôle plus important dans une véritable politique d’aménagement du territoire, nous évitant l’engorgement de la région parisienne et l’abandon de certaines zones rurales.

Enfin il faut souligner le danger d’études partielles donnant lieu à des conclusions abusives. L’étude de l’Insee donne à croire que les problèmes budgétaires de la France viennent d’une aide excessive aux personnes modestes ou pauvres. Notre conviction est exactement inverse.

Donner aux plus modestes les moyens de leur autonomie

Les aides personnelles au logement représentent une diminution du taux de pauvreté de trois points, et si elles n’existaient pas, le taux de pauvreté en France passerait de 14% à 17%. Veut-on augmenter le nombre de pauvres ? Imaginons que l’aide personnelle soit diminuée de 10% : des milliers de familles tomberaient dans la pauvreté, avec les dépenses sociales qui coûteraient beaucoup plus cher à la collectivité.

L’une des solutions est donc de donner aux personnes modestes les moyens de leur autonomie. Les associations y contribuent et ont besoin de moyens qui ne sont pas gigantesques. Ils sont un investissement dans l’intégration sociale des personnes en difficulté, par l’hébergement et le logement mais aussi par la santé et par l’emploi. S’il y a trop de pauvres, plutôt que de les affamer, il faut leur donner les moyens de vivre normalement.

Et puis les associations demandent depuis longtemps une loi de programmation budgétaire pour le logement social dans les zones tendues. Le logement est un investissement qui profite à tous, aux habitants comme aux salariés du bâtiment. Ces moyens supplémentaires, on ne les prélèvera pas sur le dos des pauvres, on les trouvera notamment en établissant une véritable équité fiscale.

Toucher à l’aide pour les plus fragiles, c’est franchir une ligne jaune, ce contre quoi des associations comme Emmaüs Solidarité ne manqueraient pas de se mobiliser.

Marc Prévot, Président Emmaüs Solidarité

 


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/12/15/aides-au-logement-et-loyers-l-erreur-de-raisonnement_4540944_3232.html#kM6vFrb6lQyVEreg.99

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