Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

Recherche

Fier.e.s de travailler pour le service public du logement

 

 

25 octobre 2023 3 25 /10 /octobre /2023 16:12

Inflation, hausse des loyers… Le sénateur communiste Pascal Savoldelli a envoyé un courrier à la préfète du Val-de-Marne pour lui demander d’avancer la date initialement fixée au 1er novembre. Selon les associations, les expulsions locatives pour cause d’impossibilité de payer se multiplient alors que 100 000 foyers attendent un logement social dans le département.

Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), ce vendredi 24 octobre. Jonas a échappé à l'expulsion de son logement une première fois en septembre. À l'arrivée de la police et de l'huissier, il avait menacé de se jeter du haut du 15e étage de son immeuble. LP/Laure Parny

Le regard perdu au loin, depuis son appartement situé au 15e étage d’une tour de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), Jonas se souvient de ce jour avec effroi. Il y a un mois, policiers et huissier ont frappé à sa porte avec la mission de le mettre à la rue. Devant la menace, lui, sa mère âgée, et ses quatre enfants, avaient même commencé à décrocher les décorations des murs. L’expulsion n’a finalement pas eu lieu, Jonas a prouvé qu’il avait versé une partie de la somme qu’il devait et menacé de se jeter dans le vide. Mais l’épée de Damoclès plane toujours.

Comme cette famille, nombreux sont les Val-de-Marnais dont les dettes se sont accumulées ces derniers mois. Inflation, hausse des loyers, charges d’énergie et d’essence qui augmentent sans arrêt ont obligé certains à arrêter de payer leur loyer. À tel point que les expulsions locatives pour ce motif se multiplient ces jours-ci, alors que la trêve hivernale qui les suspend le temps de l’hiver doit commencer le 1er novembre et durer jusqu’au 31 mars.

« Les impayés de loyers ont bondi de 33 % en trois ans »

La préfecture du Val-de-Marne a comptabilisé « 994 expulsions réalisées en 2022 », mais ne peut répondre sur le nombre depuis le début de cette année « avant le début de la trêve hivernale ».

Face à la hausse pressentie et à la barre des 100 000 demandeurs de logement social dans le Val-de-Marne franchie, le sénateur communiste Pascal Savoldelli, réélu au palais du Luxembourg en septembre, tire la sonnette d’alarme. Dans un courrier adressé à la préfète du Val-de-Marne, il réclame l’avancement immédiat du début de la trêve et donc un arrêt des expulsions.

« Entre mes discussions avec les associations et celles avec les habitants du département rencontrés ces derniers jours, les exemples de familles qui n’y arrivent plus sont en forte hausse, les impayés de loyers ont bondi de 33 % en trois ans », se désole Pascal Savoldelli, qui regrette de ne pouvoir connaître le nombre actuel d’expulsions.



« C’est comme pour les constructions dans le cadre de la loi SRU, qui devraient permettre d’augmenter le nombre de logements sociaux, nous n’avons aucun retour de la préfecture sur les sanctions actualisées pour les villes qui ne font pas assez », tempête le sénateur. L’élu décrit ainsi la situation de familles « qui retirent leurs enfants de la cantine faute de pouvoir la payer », « les sacrifices de mères isolées qui consacrent la moitié de leurs revenus à se loger » ou encore « ces jeunes couples que la hausse des charges étrangle ».

« Tout coûte tellement cher. Même avec un repas par jour je ne m’en sors pas »

Une situation de pression financière que vit au quotidien Jonas, installé à Vitry depuis 2009, après cinq ans d’attente pour entrer dans le parc social. Sa famille a accumulé jusqu’à 11 000 euros d’arriérés de loyers quand le père de famille a perdu son emploi. « Tout coûte tellement cher. Avec mon chômage, je ne m’en sors pas pour nourrir tout le monde, raconte le père de famille. On fait un seul repas par jour, mais sortir 800 euros de loyers et charges pour le F 4, c’est dur, et dès qu’on manque un mois, puis deux, le cumul monte vite. »

Pour tenter de régler le conflit avec son bailleur, Jonas a pu compter sur l’intervention du DAL (Droit au logement), qui a contribué à prouver au bailleur les efforts de la famille pour rembourser ses dettes.



« Mais comme lui, ils sont nombreux livrés à eux-mêmes, nous manquons cruellement de moyens pour encadrer toutes ces familles en difficulté, de travailleurs sociaux qui sont en réels sous-effectifs, insiste Magali Trarieux, porte-parole du DAL dans le Val-de-Marne. Contrairement à l’année dernière, nous n’avons aucun retour de la préfecture sur les dossiers pour lesquels nous appuyons les locataires. »

Sollicitée à ce sujet, la préfecture du Val-de-Marne précise qu’elle a bien reçu trois signalements du DAL en 2023. « Des sursis provisoires ont été accordés pour deux d’entre eux. Toutefois, les engagements de reprise de paiement des loyers n’ayant pas été respectés par les occupants, les expulsions ont été réalisées à terme. Pour le troisième cas, le sursis a été maintenu. Le dossier sera réexaminé dans quelques mois. » Quant à anticiper la trêve, la préfecture ne se prononce pas et rappelle que les dates sont fixées nationalement.

« La situation s’aggrave d’année en année pour les ménages modestes »

Des réponses jugées insuffisantes par le DAL, qui insiste : « Rallonger la trêve hivernale, pourquoi pas, mais c’est insuffisant, il faut des moyens, des réquisitions de logements vacants… »

Pascal Savoldelli partage ce constat. Il réclame la tenue d’assises ou d’états généraux du logement pour le Val-de-Marne. « Tous les facteurs sont au rouge, hausse des loyers qui n’ont jamais été aussi chers, baisse des APL, inflation, la situation s’aggrave d’année en année pour les ménages modestes », se fâche Jean-Baptiste Eyraud, fondateur du DAL en 1990, qui rappelle qu’en 40 ans, la part moyenne des revenus consacrée aux loyers est passée de 10 à 30 %.

Le DAL suit ces jours-ci trois mères de famille à la rue avec leurs enfants et pour lesquelles le 115 ne trouve pas de places en hébergement d’urgence.

De son côté la CNL 94 (confédération nationale du logement) a vu la fréquentation de ses permanences augmenter d’au moins 20 %. « La raison principale ce sont les impayés de loyer et les menaces d’expulsion qui en découlent, raconte Alain Gaulon, secrétaire confédéral. Il faut des processus d’accompagnement plus poussés, il y a urgence. Dans cette société de plus en plus précarisée, pour tous ces Val-de-Marnais, retraités, jeunes actifs, familles, ce n’est plus une vie, c’est de la survie. »

Partager cet article
Repost0

commentaires

Pages

Service Public du logement

j-aime-HLM-SP.jpg

 

Soyons connectés !!!

Inscrivez-vous.jpgPour être informé chaque fois qu'un article est mis sur le blog,
inscrivez vous ci dessous en indiquant votre adresse émail.

Histoire des structures de la CGT

Voir la vidiéo en cliquant sur le lien suivant : link

structures-CGT.JPG