Vent de panique chez les organismes HLM, touchés par l'envolée du coût de l'électricité
Dans son bureau situé en hauteur d'un immeuble de Bobigny, Bertrand Prade, le directeur général de Seine-Saint-Denis Habitat, l'organisme HLM départemental, fait glisser sur sa table le graphiq...
Les bailleurs sociaux interpellent le gouvernement sur la hausse des charges qui guette leurs locataires. Ils demandent à bénéficier, comme les particuliers, d’un bouclier tarifaire.
Dans son bureau situé en hauteur d’un immeuble de Bobigny, Bertrand Prade, le directeur général de Seine-Saint-Denis Habitat, l’organisme HLM départemental, fait glisser sur sa table le graphique de la courbe ascensionnelle des prix sur le marché de l’électricité et les évaluations de ce qui lui en coûtera dans les prochains mois.
Son contrat d’abonnement arrivant à terme au 1er janvier 2023, le bailleur social s’est attelé, fin août, au renouvellement de sa fourniture en électricité, en se tournant vers le courtier Opéra Energie dont les simulations tarifaires ont affolé les équipes de l’organisme HLM. « Aujourd’hui, nos dépenses annuelles s’élèvent à 4,5 millions d’euros et, selon une estimation réalisée au 31 août, elles atteindraient 27 millions d’euros en 2023, en raison de la flambée des prix des énergies », détaille M. Prade. Une hausse qui sera répercutée dans les charges des locataires.
Selon les calculs du courtier, le coût de l’électricité des parties communes (éclairage, ascenseurs, ventilation, etc.) passerait ainsi en moyenne de 10 euros à 60 euros par mois pour les locataires des 33 000 logements de Seine-Saint-Denis Habitat. Pire, les 850 logements du parc immobilier chauffés collectivement à l’électricité verraient leurs charges de chauffage bondir de 65 euros à quelque 400 euros mensuels – soit autant que le loyer moyen d’un trois-pièces de 65 mètres carrés. Une augmentation « de 400 % insoutenable », alerte Bertrand Prade, qui a écrit, le 8 septembre, à Olivier Klein, à Bruno Le Maire et à Agnès Pannier-Runacher, respectivement ministres du logement, de l’économie et de la transition énergétique, pour demander l’aide de l’Etat « dans le cadre des réflexions sur le bouclier tarifaire ».
« Les locataires ne pourront pas payer »
Avec l’ouverture des marchés de l’énergie à la concurrence en Europe, les bailleurs sociaux (comme tous les plus gros consommateurs dits professionnels) ne bénéficient plus, depuis 2016, des tarifs réglementés de vente d’électricité. Ils ont l’obligation de se fournir sur les marchés de gros. « On se transforme en broker [« courtier »] sur un marché hypervolatile, où les prix proposés ne sont valables que quatre heures, déplore M. Prade. On ne peut pas livrer des locataires, qui plus est modestes, à la loi du marché de l’énergie. »