Les étapes pour accéder à un logement social
Le maire de Grenoble Éric Piolle a annoncé un bilan chiffré de l’évolution du parc de logement social ces dernières années. Bien que la part de ce dernier a augmenté, le nombre de demandeurs est également plus important.
Après avoir inauguré une résidence comprenant des logements sociaux rue de Mortillet dans le quartier de l’Île verte, Éric Piolle s’est fendu d’un petit discours au cours duquel il a martelé les chiffres de son bilan à l’approche du terme de sa mandature. « 2 100 logements sociaux ont été construits ou sont sur le point de l’être », a-t-il ainsi annoncé. Dans le détail, 1 200 d’entre eux sont déjà sortis de terre tandis que 900 sont « dans les tuyaux ». « Avec 20 000 en tout, la part du logement social dans les résidences principales des Grenoblois a gagné 2 % en passant de 21,6 % à 23,6 %. L’objectif est d’atteindre 25 % d’ici 2025 ».
Une demande en hausse
Si ces chiffres vont dans le bon sens au regard de la loi (lire ci-contre), ils ne permettent pas de cerner toutes les facettes de la problématique du logement social à Grenoble. Ainsi, selon l’association Un toit pour tous, partenaire isérois de la fondation Abbé-Pierre, « si cette progression est notable, il est toutefois nécessaire que les efforts soient renforcés dans les prochaines années ». Et l’association d’abonder : « La demande de logement social ne cesse d’augmenter sur Grenoble. En 2015, la demande en accès à la location s’élevait à 3 514 demandes alors qu’en 2018, elle était de 3 996, soit une augmentation de 14 %. Il faut mettre les objectifs de construction en parallèle de cette augmentation. De plus, il existe plusieurs types de logement social dont le logement social à bas coût (PLAI, environ 5 €/m² NDLR). Il est nécessaire de s’assurer qu’une part importante des logements sociaux produits appartient à cette catégorie. C’est le cas pour 32 % des logements sociaux financés à Grenoble en 2018 alors que le PLH (Programme local de l’habitat) prévoit un objectif de 35 %. » Patricia Ospelt, membre de l’association Droit au logement (DAL) s’interroge : « Est-ce que sur les logements annoncés sont soustraits ceux qu’ils ont prévu de démolir, notamment dans les quartiers de Mistral et de Villeneuve ? Grenoble souffre tout de même d’un manque de logements sociaux puisque chaque année, une demande est satisfaite pour quatre nouvelles déposées… »
1 ➤ Remplir les critères d’éligibilité, c’est-à-dire avoir des ressources inférieures aux différents plafonds en fonction de la composition du ménage et du type de logement (PLAI, PLUS et PLS).
2 ➤ Récupérer un dossier dans un guichet (action logement Grenoble, 24 avenue Doyen Weil ou au Pôle habitat social, 6 boulevard Roger-Salengro. Il peut également être téléchargé sur www.demande-logement-social.gouv.fr). Et le renvoyer rempli, accompagné des pièces justificatives nécessaires, par courrier au Pôle Habitat Social (6 boulevard Roger-Salengro - 38100 Grenoble) ou le déposer à l’un des guichets d’enregistrement.
3 ➤ Lorsqu’un logement se libère, trois candidats sont sélectionnés.
4 ➤ Une commission d’attribution se réunit. Chaque bailleur a sa propre commission. Elle est composée d’élus, d’administrateurs des locataires, des collectivités, des bailleurs. Elle classe les trois candidats selon la composition du ménage, les revenus, le logement actuellement occupé, les handicaps…
5 ➤ Le propriétaire du dossier retenu recevra alors un courrier auquel il faudra répondre dans un certain délai. Sinon, retour à l’étape n°3, la commission prend en compte l’ancienneté et le nombre de refus déjà effectués par la commission.
6 ➤ Si le logement ne convient pas au candidat, il peut le refuser en justifiant son choix. Des pénalités peuvent alors s’appliquer à l’avenir. Si le logement convient, le bail est alors signé.
Attention : si une demande de logement social est effectuée et qu’aucun logement n’est attribué, il faut renouveler la demande chaque année.
La loi du 13 décembre 2000 relative à la Solidarité et au renouvellement urbain (couramment appelée loi SRU) impose aux communes de plus de 3 500 habitants comprises dans une agglomération de plus de 50 000 habitants de disposer d’au moins 20 % de logements sociaux. Ce taux a été porté à 25 % par la loi du 18 janvier 2013 « relative à la mobilisation du foncier public en faveur du logement et au renforcement des obligations de production de logement social », dite loi Duflot 1.
En cas de manquement à ces obligations, les communes concernées peuvent recevoir une pénalité financière et sont soumises à des obligations de rattrapage afin d’atteindre le taux légal à moyen terme.
Du côté des bailleurs sociaux, on raisonne davantage à l’échelle de la Métropole grenobloise. Au total, on compte 48 000 logements sociaux sur ce territoire. Les six plus grosses communes regroupent 60 à 70 % de ces logements.
Malgré tout, l’Association des bailleurs sociaux de l’Isère (Absise) fait finalement le même constat que Droit au logement ou Un toit pour tous : on manque de logements sociaux sur la Métropole, et notamment de logements aux loyers les plus bas.
16 000 demandes ont été formulées en 2018 pour 3 800 attributions, soit environ quatre demandes pour une attribution. Le délai moyen pour obtenir un logement social est de 18 mois. Mais le nombre de demandes est plutôt en hausse depuis ces deux dernières années, après avoir connu une stagnation pendant près de dix ans.
Alors quels sont les freins à la construction des logements sociaux ? Absise pointe le manque d’argent alloué au logement social par l’État, notamment avec les dernières réformes qui amputent ces financements.
Si pour l’instant, les constructions se maintiennent, les bailleurs sont plutôt inquiets pour l’avenir. Une baisse de l’investissement est à prévoir. Elle pourrait se traduire soit par la baisse du nombre de constructions, de réhabilitations, ou une baisse des services proposés. Chaque organisme fera ses arbitrages… Mais les effets devraient se ressentir dans les prochaines années.
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