«Le droit à la ville pour tous ». C’est la défense des municipalités de gauche en Ile-de-France qui voient leurs « chartes promoteurs » attaquées de toute part. Une trentaine de maires et élus en charge de l’urbanisme viennent de signer un texte commun pour défendre leur action « légitime et juste » pour des villes « populaires et accessibles à tous ».
Ces textes votés, par exemple, à Paris dès l’arrivée d’Anne Hidalgo (PS), mais en cours depuis plusieurs années dans d’autres villes (Saint-Ouen (93) fut pionnière), imposent aux constructeurs un certain nombre de règles. Sans fondement juridique toutefois. En premier lieu, l’encadrement des prix de vente, comme à Ivry, Vitry, Paris, Montreuil (93), Nanterre (92)…, mais aussi des exigences en matière de performance énergétique, comme à Montreuil (93), ou de concertation. Ce qui fait hurler la profession qui dénonce « un chantage » mais elle n’est pas seule.
Voilà quelques semaines, le préfet d’Ile-de-France, François Carenco a remis en cause lors d’une réunion du comité exécutif du logement de la région, ces chartes qui « empêchent la construction de logements neufs » dans la région. À tel point qu’il souhaiterait soumettre ces documents au contrôle de légalité et au juge administratif. Le gouvernement avait de son côté annoncé début juillet que l’encadrement des loyers, déjà en vigueur à Paris, allait s’étendre à 411 villes d’Ile-de-France d’ici fin 2018.
Présidente de la fédération des promoteurs immobiliers d’Ile-de-France, Alexandra François-Cuxac a fait des chartes prises par certaines municipalités, son cheval de bataille.
Pourquoi contestez-vous ces textes ?Tant que ces chartes étaient des documents d’intention, cela ne posait pas de problème, comme celle en Provence-Alpes Côte d’Azur. Mais on se retrouve aujourd’hui avec des textes illégaux, qui fixent le niveau d’accession maîtrisée en dessous du plafond d’accession sociale. Je suis outrée. D’autres demandent à vendre exclusivement aux habitants de la commune. C’est de la discrimination. D’autres encore demandent à plafonner le prix du foncier privé. C’est interdit.
En quoi cela gêne-t-il les promoteurs ?Cela freine la construction de logement. Ce sont des sources de fragilité des permis de construire qui peuvent être attaqués. Certains promoteurs ne sortent jamais les programmes ou les sortent trop chers, en raison de toutes les contraintes imposées.
Les élus évoquent un moyen de limiter les prix…C’est de l’abus de pouvoir. Ils ont déjà le plan local d’urbanisme, le programme local de l’habitat, dans lesquels ils peuvent mettre un grand nombre de dispositions.
Que demandez-vous ?Les préfets doivent passer ces chartes sous le contrôle de légalité. Je ne lâcherai pas.