Avec sifflets et drapeaux syndicaux, ils se sont rassemblés devant le siège de leur office HLM à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), avant de se rendre esplanade des Invalides à Paris. Avec ou sans uniforme, quelque 200 gardiens d’immeubles HLM sont venus dénoncer un décret de mai 2012, publié entre les deux tours de la présidentielle et qui doit rentrer en application en septembre. Ce décret, portant sur le régime des logements de fonction des fonctionnaires, menace de priver les agents des offices HLM de leur logement gratuit. Passé inaperçu jusqu’à ce que les bailleurs sociaux reçoivent une circulaire début mars, il semble bien embêter le gouvernement.
Personne n’avait, semble-t-il, compris que tous les agents des fonctions publiques – Etat, hôpitaux et collectivités territoriales – étaient concernés. Y compris ces gardiens de HLM qui habitent dans leur cité. Des agents sous astreinte, présents sept jours sur sept, 24 heures sur 24, et pour qui, pas une nuit ne se passe sans qu’ils soient dérangés pour une urgence. Payés 1 300 euros mensuel, le logement fait partie des avantages en nature qui permettent de les attirer dans des emplois souvent durs et très prenants. Ne faisant pas partie, selon le texte, des personnels devant bénéficier d’un logement « par nécessité absolue de service », ils seront soumis à une « redevance d’occupation ».
Le loyer qu’ils devront désormais payer pour moitié est estimé, avec les charges, entre 300 et 500 euros. « On va perdre beaucoup », dénonce Stéphane Plante, gardien depuis douze ans à Villetaneuse. « Qu’est-ce qui va nous rester à la fin du mois ? Ils veulent nous mettre en précarité », s’énerve Mohamed Assous de Pierrefitte-sur-Seine. « On a l’impression de ne pas être reconnu dans notre travail », souffle Christine Gadois, agente depuis dix-huit ans à la cité Allende à Saint-Denis.
Négociation en direct
La mobilisation est partie de ces personnels de Plaine Commune Habitat, le principal bailleur de Seine-Saint-Denis, qui, le premier, a saisi le ministère de la fonction publique. « Les gardiens sont les chevilles ouvrières des cités. Des éléments indispensables à la cohésion sociale dans les résidences, plébiscités par les locataires. Pourquoi veut-on les affaiblir au moment où le gouvernement assure qu’il veut renforcer la présence humaine dans les quartiers populaires ? », s’interroge Stéphane Peu, président de Plaine Commune habitat. « Cette fonction est essentielle dans nos quartiers, cet affaiblissement de leur pouvoir d’achat n’est pas acceptable », renchérit Stéphane Troussel, président PS du conseil général qui dirige l’Office départemental de Seine-Saint-Denis. Élus comme syndicats réclament une dérogation pour leurs gardiens.
Sur les 10 000 agents recensés par l’Union sociale pour l’habitat, fédération nationale des offices HLM, 2 500, sous statut de fonctionnaire, seraient concernés. Alertée, la secrétaire d’Etat à la ville les a assurés, mercredi 29 avril, de son soutien. Sans engagement précis. Avec leurs panneaux « Touchez pas à nos gardiens », ils sont venus interpeller la ministre du logement, Sylvia Pinel, celle de la fonction publique, Marylise Lebranchu. Cette dernière est venue à leur rencontre sur l’esplanade des Invalides, mardi. Négociant en direct, elle a promis que le loyer ne serait plus à charge pour les gardiens. Restent les charges locatives : entre 150 et 200 euros, selon les résidences. « C’est encore trop lourd pour les gardiens », tranche M. Peu. Un second rendez-vous est prévu au cabinet de la ministre en fin d’après-midi.