Les associations Droit au logement (DAL), Médecins du monde et la Fondation Abbé-Pierre ont dénoncé lundi la multiplication cet hiver des expulsions de squatteurs et d’habitants de bidonvilles, demandant qu’ils bénéficient, comme les locataires, de la trêve hivernale des expulsions.

Depuis deux ans, et surtout depuis l’hiver dernier, «les expulsions de squats se sont intensifiées», a déclaré le porte-parole du DAL Jean-Baptiste Eyraud lors d’une conférence de presse à Paris. «Des immeubles entiers, avec des familles et des enfants, sont expulsés» en région parisienne, mais aussi en Bretagne, à Bordeaux, Lille, Toulouse, Lyon, Dijon ou Marseille, a-t-il déploré. Ces personnes «n’ont pas d’autres solutions pour se loger», a-t-il affirmé, évoquant des «squats de nécessité».

Les associations, réunies dans un squat occupé près de la gare du Nord depuis plus d’un an par des familles mal logées, ont demandé que le gouvernement soutienne un amendement rétablissant «la trêve hivernale pour tous». Ce texte sera défendu par un député du Front de gauche, lors de l’examen du projet de loi Alur qui sera examiné en seconde lecture à l’Assemblée à partir de mardi.

La loi du 3 décembre 1956 avait instauré la trêve hivernale des expulsions pour tous, après l’appel de l’Abbé Pierre à l’hiver 1954. Une nouvelle loi, en 1991, en avait limité la portée pour les occupants «sans droits ni titres», squatteurs, habitants de bidonvilles ou de logements de fortune.

C’est à partir d’une jurisprudence de 2010 que «l’exécutif s’est mis au boulot» et a commencé à expulser l’hiver, a expliqué Jean-Baptiste Eyraud. Depuis, «le gouvernement n’a eu de cesse de multiplier les expulsions» de squats, qui au deuxième trimestre 2013, «n’ont jamais été aussi nombreuses», avec 6 000 personnes expulsées, a confirmé Marie Rothhahn, de la Fondation Abbé-Pierre.

Ces expulsions «anéantissent tous les efforts de réinsertion sociale», laissant beaucoup de monde à la rue, a-t-elle souligné, dans un contexte de crise du logement, de manque de logements sociaux et de saturation de l’hébergement d’urgence.

AFP